En répondant à un appel d’offres des Nations Unies, la petite société Solamaz a remporté un marché d’éclairage public en Afghanistan et au Soudan du sud. En plus de l’international, la société se développe sur le régional.
« Une petite entreprise » . C’est ainsi que Philippe Byron présente sa toute jeune société créée l’an passé. Mais la jeunesse n’empêche pas l’ambition. Solamaz, spécialisée notamment dans l’éclairage public alimenté par le solaire, gravit les échelons petit à petit.
Pourtant, tout n’était pas facile au départ pour cette société créée au moment de la déréglementation sur le solaire. Le prix de rachat de l’électricité solaire avait alors drastiquement chuté suivant les recommandations du gouvernement. « Il fallait trouver des solutions » , confie le directeur de Solamaz. Il ne va pas chercher très loin. À Favard, « à 20 km de Cayenne, il y a des gens qui n’ont pas d’électricité » , constate Philippe Byron.
OFFRE D’APPEL DES NATIONS UNIES
Solamaz ne leur a pas apporté la lumière mais l’éclairage public. Des lampadaires ont été posés. « Nous avons développé un concept et amélioré le produit » , poursuit le directeur qui a cherché à poser ses candélabres ailleurs. Les mairies ont commencé à s’approprier ces produits, et Solamaz s’est positionné dans quelques rues et des terrains de jeu.
Il y a quelques mois, dans une quête de développement, de recherche de solution, la société répond à un appel d’offres des Nations unies. « C’était pour l’éclairage public dans un camp de réfugiés » , poursuit le directeur qui rappelle que l’énergie solaire permet de garantir de l’électricité rapidement, là où les installations traditionnelles n’existent pas.
L’AÉROPORT DE KABOUL DANS LE VISEUR
« On a perdu l’appel d’offres » , annonce-t-il, philosophe. Mais il ne renonce pas et participera à sept appels d’offres avant que les Nations unies retiennent sa société. « Nous étions en concurrence avec de grosses entreprises, européennes et américaines » , annonce-t-il fièrement.
Les Nations unies lui demandent d’installer de l’éclairage pour des réfugiés dans le sud Soudan et en Afghanistan. Quatre projets en tout. Philippe Byron se souvient que ses interlocuteurs étaient surpris que la société vienne de Guyane. Mais au-delà des questions habituelles sur ce département français d’Amérique, Solamaz a fait valoir son expertise.
D’ailleurs, c’est surtout cette expertise et de l’ingénierie qu’ils ont vendu à l’ONU. Sans oublier le matériel nécessaire envoyé jusqu’à Dubaï où l’ONU a ses bases logistiques. En Afghanistan et au Soudan du sud, c’est l’organisme international qui s’est chargé de l’installation du matériel.
Malgré les théâtres de conflits, Aurélien Pagani, chargé du développement de Solamaz, aurait bien tenté l’aventure. Mais il se contentera du Brésil voire du Suriname où la société a installé un lampadaire témoin depuis quelques semaines.
En dehors de ces deux pays, Solamaz ambitionne de vendre ses candélabres en République dominicaine et en Côte d’Ivoire. « Comme toute société en développement, on arrive à un stade où il faut des partenaires » , confie le directeur.
Des partenaires financiers qui tardent à se faire connaître même si la société « travaille avec les Nations unies » . Même les collectivités ne semblent pas pressées à prêter main-forte pourtant « le bouche à oreille fonctionne » , constate Aurélien Pagani car petit à petit les particuliers s’intéressent à Solamaz. La société vient de répondre à un nouvel appel d’offres de l’ONU pour éclairer l’aéroport de Kaboul.
REPÈRES
DES AMPOULES ÉCOLO ET ÉCONOMIQUES
Solamaz a développé, avec une société marseillaise, des ampoules spécifiques pour ses lampadaires. Des ampoules Led qui fournissent une lumière blanche et sont beaucoup plus économiques et écologiques notamment en raison d’une durée de vie rallongée.
Philippe Byron annonce que ces ampoules ont été validées par EDF et la société envisage, dès la rentrée, de les proposer à la vente car elles peuvent équiper les lampadaires classiques.
LA FABRICATION « LOCALE »
Le directeur de la société annonce que ses lampadaires subissent une grosse valeur ajoutée en Guyane. Il parle de 80% même si beaucoup d’éléments sont fabriqués ailleurs, comme les panneaux solaires qui viennent d’Allemagne. Mais plusieurs artisans guyanais interviennent sur la préparation des éléments à poser.
UN PRODUIT PAS NEUF
Aujourd’hui, en Guyane, l’utilisation des panneaux solaires ne se limite pas seulement aux toits des maisons. Depuis plusieurs années, l’éclairage de certains panneaux publicitaires qui jouxtent nos routes est alimenté par l’énergie solaire. Les radars pédagogiques sont eux aussi alimentés par le solaire.
LE CHIFFRE 200
200 lampadaires solaires ont déjà été installés en Guyane par la société Solamaz. Les dix derniers ont été posés sur le Chemin-Clet, à la Levée sur la commune de Matoury. La mairie de Macapà et plus particulièrement les villes du nord du Brésil, pourraient figurer parmi les prochains clients de la société. Beaucoup sont séduits par les avantages économiques de ces lampadaires mais aussi par la possibilité de les poser n’importe où. En effet, n’étant pas attachés au réseau électrique, les contraintes d’emplacement sont bien moindres.